Tour Eiffel en bleu dans cellule capitonnée

Un scandale français

Nantes : Jessica, 16 ans, autiste, internée en hôpital psychiatrique depuis 15 mois, faute de place.

Un reportage de Télénantes le 31 mars. Le focus de la chaîne revenait en soirée sur ce reportage. Le même jour, l’invitée de Nantes Matin était la vice-présidente de l’association Autisme 44 et le cas de Jessica, tellement emblématique de la situation de l’autisme et du handicap en France, a encore été largement évoqué. Samedi 1er avril, France Bleu a relayé.

Nous avons plusieurs fois évoqué le sujet : le moratoire des places françaises en Belgique fait que les adultes restent dans les établissements français pour enfants, et les enfants et adolescents se retrouvent sans solution. C’est l’autre effet pervers d’un moratoire décidé sans que les solutions soient créées en France.

L’Agence Régionale de Santé des Pays-de-Loire dit que les associations gestionnaires n’ont pu ouvrir de place en raison du manque de recrutement.

Nous avions déjà abordé le sujet dans cet article : La raison pour laquelle les structures françaises n’arrivent pas à recruter du personnel : lorsque nous avions demandé aux professionnels français transfrontaliers (enseignants, éducateurs, paramédicaux…) exerçant en Belgique dans l’enseignement spécialisé ou les établissements hébergeurs pour quelle raison ils avaient fait leurs études en Belgique et y travaillaient, (et ce n’était pas pour un accès plus facile et moins onéreux aux études, comme pour d’autres étudiants qui retournent en France par la suite) : les réponses fusaient : “Parce qu’en France, on en a marre de bouffer du Freud et du Lacan toute la journée”… “C’est plus efficace, plus humain ici”… Bref, avant de commencer à combler son retard, la France devra changer les mentalités…

Pendant ce temps, comme chaque année le 2 avril, Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, notre douce France illuminera des monuments en bleu. Nous aurons droit à de belles déclarations du gouvernement qui expliquera tout ce qu’il fait de bien pour l’autisme. Et des milliers de jeunes et moins jeunes continueront à crever lentement dans des hôpitaux psychiatriques.

Article de The EpochTimes.

Interview de la maman de Jessica, Lise, par Olivier Delacroix sur Europe 1.

Article d’Autisme France.

Émission de Vivre FM.

Article de Presse Océan.

Article d’Ouest France.

La maire de Nantes écrit au ministre.

Un succès qui tombe à côté de la plaque

Nous n’avions pas encore commenté la décision prise par le Tribunal judiciaire de Narbonne le 3 février 2022, qui a condamné un institut médico-éducatif (IME) à ne pas réduire le temps de scolarisation d’un enfant après ses 16 ans.

Si, comme d’autres associations des usagers du secteur handicap, nous aurions pu nous réjouir de cette décision, nous y voyons malheureusement un double effet pervers :

  • D’une part, ce n’est pas l’État qui était attaqué, alors que les moyens insuffisants donnés aux IME pour la scolarisation sont bien de son chef ;
  • D’autre part, et c’est notre plus grande crainte, ce jugement va faire réfléchir à 2 fois les établissements avant de scolariser des enfants, même plus jeunes.

Nous rajouterions que les sommes remportées par la partie gagnante sont ridicules en comparaison d’une véritable scolarisation, et que l’État a donc tout intérêt à ne pas scolariser nos enfants, et de payer plutôt les frais de condamnation dans les affaires où c’est lui qui est en cause.

Analyse d’Olivier Poinsot, avocat des ESMS (établissements et services médico-sociaux), sur le jugement. Il donne des pistes sur ce qui aurait dû être fait, et ce qui est à faire, dans un jugement qui peut être cassé en appel. Espérons que la prochaine fois, on s’attaque au véritable responsable : l’État, avec, cette fois des demandes étayées en ce qui concerne les préjudices moral et financier.