vote pour le député des Français du Benelux

Réponses au questionnaire pour les législatives/2

Catherine Coutard, Candidate de la FGR (Fédération de la Gauche Républicaine) a répondu par mail à notre questionnaire. Le voici retranscrit ci-dessous :

“Madame la présidente,

Je vous remercie de m’avoir adressé votre questionnaire et ainsi attiré mon attention sur la situation des personnes en situation de handicap prises en charge dans un établissement belge.

La question du handicap est loin de m’être étrangère, en tant que médecin, en raison de la situation de certains membres de ma famille, à travers le travail de ma sœur dans une structure d’accueil dédiée.

Je partage les objectifs des associations spécialisées en particulier pour la création rapide de plus de places d’accueil proches du domicile des familles ainsi que toutes les démarches de qualité et d’amélioration (prenant exemple aussi sur ce qui se fait à l’étranger) afin de permettre aux adultes en situation de handicap une vie aussi autonome que possible.

Je suis par ailleurs très réservée sur les structures à but lucratif dans le domaine médico-social comme nous y invite, dans un secteur proche, l’actuelle scandaleuse affaire ORPEA.

Cependant ces objectifs ne doivent pas faire oublier qu’il y a des familles qui vivent l’enfer au quotidien et sur lesquelles s’ajoutent des démarches administratives lourdes notamment vis-à-vis des impôts ou des renouvellements de papiers. Ces familles ont besoin que les services consulaires disposent de moyens adéquats pour les orienter, les aider et répondre à leurs interrogations. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Elles ne peuvent également pas attendre les effets des divers plans (quand ils existent et qu’ils sont menés à bien). C’est pourquoi les périodes de transition vers une situation idéale (où chacun trouvera sa place en proximité si il le souhaite) doivent faire l’objet de mesures transitoires et d’une grande empathie pour le vécu des personnes concernées et de leurs familles.

Élue je serai très heureuse de vous rencontrer pour que nous puissions aller dans le détail des problèmes rencontrés et vous accompagner vers des solutions satisfaisantes pour tous.”

Assemblée nationale

Élections législatives 2022 : questions aux candidats

Aujourd’hui, environ 10 000 enfants et adultes français en situation de handicap sont scolarisés ou résident dans des établissements spécialisés belges. Nombreux sont ceux qui se heurtent à de lourdes difficultés, notamment administratives, en raison du vide juridique dans lequel ils se trouvent encore.

Nous avons donc posé aux candidats à la 4e circonscription de l’Étranger (Benelux) une série de 10 questions. Nous publierons les réponses des candidats au fur et à mesure qu’elles nous parviendront.

Nous n’avons cependant pas pu encore trouver toutes les coordonnées des candidats, certains petits candidats n’ayant même pas leurs coordonnées référencées sur le site internet de leur parti ni n’étant visibles sur les réseaux sociaux. Nous espérons pouvoir le faire d’ici peu, probablement lorsque nous aurons reçu les professions de foi.

Nous avons donc envoyé notre questionnaire à :
  • Geneviève Machicote, candidate des Républicains et de l’Union Du Centre
  • Cécilia Gondard, candidate NUPES
  • Catherine Coutard, candidate Gauche républicaine et socialiste
  • Anne-Catherine Girard, candidate Reconquête
  • Pieyre-Alexandre Anglade, député sortant et candidat Ensemble
  • Valentin Thevenot, candidat Parti Animaliste
  • Ajout au 31 mai : Mme Marie-Josée Mabasi, candidate Union des Centristes et des Écologistes

Nous publierons les réponses au fur et à mesure qu’elles nous parviendront, afin que vous disposiez des éléments utiles à votre choix.

Analyse juridique

Moratoire : analyse juridique

Les enjeux juridiques du conventionnement des établissements belges accueillant des ressortissants français en situation de handicap.

Analyse par Me Olivier Poinsot, qui tient le blog Accens Avocats

Extraits :

La présentation du moratoire prête à confusion : si le communiqué de presse présente les logos de la Région wallonne et de la République française côte-à-côte, pour autant ce moratoire relève d’une initiative purement française.

[Remarque de l’AFrESHEB : le communiqué de presse était bien commun et avait été diffusé également sur le site du ministère wallon. Suite à des interpellations parlementaires, il a été opportunément retiré de ce site. Pour étayer son  affirmation, le blog d’Accens Avocats publie le compte rendu in extenso de la séance parlementaire du jour, nous publions ici l’extrait sur le point du moratoire.

Nous nous interrogeons sur la position de la ministre wallonne, Christie Morreale, qui varie selon son interlocuteur : gouvernement français, parlementaire wallon… Elle était déjà la 1ère à nous solliciter pour des questions parlementaires sur les Français de Belgique lorsqu’elle était députée de l’opposition, et nous a fermé la porte dès qu’elle est devenue ministre !!!]

Dans la continuité de ce moratoire, l’agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France et la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) de Roubaix-Tourcoing tentent d’imposer à l’ensemble des ESSMS belges la signature de deux conventions :

  • Une convention dite « capacitaire », qui fixe un quota de ressortissants français pouvant être accueillis ;
  • Une convention dite « qualitative », relative aux modalités d’accueil et d’accompagnement des ressortissants français par l’établissement.

En l’absence de signature de ces conventions, les services de l’ARS se sont montrés de plus en plus insistants, voire ont menacé de suspendre les financements en l’absence de signature desdites conventions.

En plus du conventionnement imposé aux ESSMS belges, les autorités françaises diffusent auprès des Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) des consignes illégales visant à limiter les départs vers la Belgique. Ainsi l’ARS d’Ile-de-France, dans une formation assurée récemment au profit du personnel des Commissions des droits de l’autonomie des personnes handicapées (CDPAH), a-t-elle exigé que l’examen d’une admission en Belgique soit subordonné au fait que le demandeur prouve avoir essuyé trois refus d’ESSMS française ; or une telle exigence ne figure pas dans la loi.

Cette pratique administrative apparaît contestable à plusieurs points de vue :
  • le financement des places en Belgique constitue une obligation pour l’Etat français au vertu du règlement de l’Union européenne (UE) n° 883/2004 du 29 avril 2004 (prix de journée en maison d’accueil spécialisée et forfait soins en foyer d’accueil médicalisé relevant du financement par l’assurance maladie) ;
  • il ne ressort ni de ce règlement, ni de l’accord-cadre franco-belge du 21 décembre 2011, ni de l’arrangement administratif afférent, ni des dispositions du Code de la sécurité sociale (C. Sécu. Soc.) ou du Code de l’action sociale et des familles (CASF) que l’accueil ou le financement des places des ressortissants français en Belgique soit subordonné à la conclusion d’une quelconque convention ;
  • l’imposition de conventions en dehors de tout texte porte une atteinte grave à la liberté contractuelle ;
  • l’imposition d’un quota d’accueil de français, fixé au nombre de ressortissants français accueilli au 28 février 2021, est déconnectée à la fois de la réalité des besoins et de la capacité agréée par l’Agence pour une vie de qualité (AVIQ), autorité administrative belge compétente en la matière. De tels quotas sont attentatoires à la liberté d’aller et venir et à la libre prestation de services ;
  • les autorités françaises entendent imposer aux ressortissants français ne trouvant pas de place d’ESSMS en France d’intégrer un établissement belge agréé avant le 28 février 2021 et ayant conclu une convention avec l’ARS. Autrement dit, les ESSMS belges n’ayant pas signé ces conventions ne se verront plus adresser de ressortissants français via les CDPAH ;
  • Le contenu de la convention dite « qualitative » impose des conditions matérielles intenables en pratique pour les ESSMS belges : les nombreuses annexes à cette convention opèrent en réalité un « placage » maladroit de dispositions législatives imposées aux ESSMS en France (outils relatifs au droit des usagers, conditions architecturales, etc.). Ces annexes méconnaissent donc totalement le principe de territorialité du droit. En outre, les établissements wallons accueillant des ressortissants français sont d’ores et déjà soumis à des dispositions belges proches issues notamment du Code règlementaire wallon de l’action sociale et de la santé analogue au CASF français (cf. les articles 1369/7 et suivants). L’intérêt de telles annexes interroge.

[Remarque de l’AFrESHEB : ici, l’article ne prend pas en compte l’arrêté wallon de 2018 et ses nouvelles dispositions pour les services (wallons) dont le financement est assuré par une autorité publique étrangère – SAFAE)]

La note d’information récente publie [Note de l’AFrESHEB : entre autres nombreux documents] le modèle de convention et rappelle la démarche de conventionnement entreprise.

[Note de l’AFrESHEB : Vous pouvez ici télécharger directement linformation ministérielle relative à la prévention des départs non souhaités des personnes en situation de handicap en établissement médico-social wallon ainsi que le modèle de convention].

Or, cette note est critiquable à plusieurs points de vue :
  • le gouvernement [français] use bien de l’expression « capacité maximale financée » : la fixation des quotas a donc pour but de cristalliser le nombre de places pouvant accueillir des ressortissants français et ce, indépendamment des choix opérés par les personnes concernées et indépendamment du manque de places en France ;
  • si la note rappelle que la démarche de conventionnement « ne remet pas en cause le principe du libre choix », la pratique qui s’installe en réalité vise indéniablement à durcir les conditions de départ voire à les interdire (une fois que la capacité ainsi autorisée aura été atteinte, les départs ne seront plus possibles) ;
  • le modèle de convention annexé à la note d’information est similaire à celui imposé aux ESSMS belges mais annonce, dans son sommaire, une nouvelle annexe n° 8 relative à l’échéancier de mise en conformité des infrastructures belges. Or, cette annexe est tout bonnement absente du texte publié.
Ces nombreuses critiques étayent des actions contentieuses engagées dans l’intérêt d’organismes gestionnaires d’ESSMS wallons et de ressortissants français :
  • plusieurs référés ont été introduits devant la juridiction administrative, tous n’ont pas encore été tranchés ;
  • des recours au fond ont été déposés et d’autres sont sur le point de l’être ;
  • une plainte pour manquement contre la France a été déposée à la Commission européenne ;
  • l’engagement de contentieux par des usagers se voyant refuser le départ pour la Belgique est à l’étude.

Lire l’analyse in extenso.