De la solidarité des associations… ou pas !

.

Le mois dernier, nous avions sollicité plusieurs associations françaises, dont Autisme France, pour un communiqué de presse commun visant à demander que le moratoire sur les places en Belgique ne soit pas appliqué tant que les solutions équivalentes n’étaient pas offertes en France.

La présidente d’Autisme France a répondu à tous les destinataires de ce mail que le moratoire était suspendu…

Comme cela nous semblait étonnant, nous avons demandé confirmation au secrétariat d’état de Sophie Cluzel, qui a démenti cette information : le moratoire n’était pas suspendu.

Quelle n’a pas été notre surprise de lire aujourd’hui cette position officielle d’Autisme France à propos du moratoire.

On dit que l’union fait la force, mais si chaque association pense à tirer la couverture à soi et à diffuser de fausses informations dans ce but, c’est bien triste. C’est triste pour les personnes concernées, leur familles qui voient la porte de la Belgique se refermer sans avoir l’équivalent en France, comme nous l’avons dit dans plusieurs articles et comme Autisme France le dit lui-même dans cette position.

Nous avons même plusieurs maman solos qui ont un cancer et qui attendaient une entrée de leur enfant/adulte en Belgique pour se soigner… c’est carrément une condamnation à mort !

C’est l’occasion ratée de montrer un front commun qui aurait eu plus de poids pour contraindre le gouvernement à renoncer à ce moratoire tant que les solutions françaises n’étaient pas à la hauteur.

Nous ferons donc probablement tout seul dans notre coin un prochain communiqué de presse, qui ne servira pas à grand-chose.

Je sais bien qu’on va me rétorquer qu’il fallait en parler et pas déballer tout sur la place publique. Mais parler avec des gens insincères ne sert à rien, puisque vous ne savez jamais quand ils disent la vérité. Pesant le pour et le contre, j’ai estimé qu’il était mon devoir de la dire aux familles. Elles doivent être au courant pour savoir où elles mettent les pieds.

Personnellement, cela m’a rappelé la dramatique affaire Rachel qui a bien servi les personnes qui l’ont utilisée pour leur gloire et leur « influence ». Si nombreux étaient les parents vraiment bouleversés par cette histoire, il y avait aussi pas mal de personnes qui se disputaient « un bout de Rachel » pour se faire valoir, dans une surenchère indécente de manipulations et de mutuels crocs-en-jambe, à ce point que c’en devenait écœurant. Trois enfants ont quand même payé les pots cassés. Et leur mère n’est pas près de les récupérer. C’était il y a 5 ans, et on a fini d’en parler depuis longtemps, la « mine d’or » étant épuisée. Comment a-t-on pu se lancer dans une surenchère médiatique qui n’a fait qu’empirer les choses au lieu de les arranger ? Les associations responsables conseillent toujours aux familles de collaborer avec les services sociaux. Les insulter, eux et la justice, ne pouvait pas résoudre l’affaire mais que l’aggraver. C’est exactement ce qui s’est passé. C’était le prix de la publicité, et ce ne sont pas ceux qui en ont profité qui l’ont payé.

C’était le billet d’humeur du jour de la présidente,

Isabelle Resplendino

.

Proposition de loi pour les Français en situation de handicap vivant à l’étranger

senat 3

Proposition de loi visant à renforcer les droits des personnes en situation de handicap de nationalité française résidant hors de France

par M. Damien Regnard, Sénateur (Les Républicains).

Cette proposition a pour vocation de renforcer les droits de nos compatriotes en situation de handicap établis hors de France à travers plusieurs dispositifs. Il s’agit notamment d’attribuer aux personnes en situation de handicap un numéro administratif à vie, de dématérialiser les démarches administratives, d’assurer la continuité des droits en introduisant une dérogation à la « territorialité » des allocations aux adultes handicapés, à la prestation de compensation et à l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé.

Cette proposition permet de supprimer les demandes de renouvellement de reconnaissance du handicap, de mettre en place une visite médicale annuelle, permet la déductibilité des charges liées au suivi de la personne diagnostiquée et reconnue handicapée, et d’aligner les taux d’incapacité appliqués aux adultes handicapés vivant à l’étranger avec ceux appliqués en France.

Lire la proposition de loi.

15 kilomètres

15 petits kilomètres. C’est la distance moyenne qui sépare le domicile familial de l’établissement belge pour 5 personnes en situation de handicap de l’Est de la France.

Ces 5 personnes n’ont pas d’autres solutions en France. Et on va leur refuser l’orientation en Belgique en raison du moratoire décidé par le gouvernement français.

On dit merci qui ? Merci Sophie Cluzel ! Merci Emmanuel Macron !

Taintignies : débat télévisé

Fermeture du Domaine de Taintignies : débat sur NoTélé.

La présidente de l’AFrESHEB (l’Association pour les Français en situation de handicap en Belgique), Isabelle Resplendino, est intervenue durant ce débat (via une interview pré-enregistrée).

Nos commentaires :

Les syndicats réclament plus de contrôles. Mais les établissements accueillant des Français ont déjà plus de contrôles que les établissements agréés et subsidiés par l’AViQ. Ils ont les contrôles de l’AViQ, doublés de ceux des autorités françaises, triplés de ceux des organismes de tutelle.

Le problème est que ces contrôles ne peuvent entraîner des sanctions, mis à part l’épée de Damoclès d’une fermeture à long terme, comme ces 4 ans de « descente aux enfers » du Domaine de Taintignies (qui, pendant ces 4 années, avait fait l’objet de nombreux contrôles (22 !), sans appliquer les recommandations faites à leur suite).

Décision finale faisant le malheur de tous : résidents déplacés comme des objets, familles dans l’incertitude, professionnels au chômage et bien mal remerciés de leur action. Effet boule de neige : quels professionnels oseront dénoncer demain des mauvaises pratiques ? Et qui embauchera ces professionnels lanceurs d’alerte ?

Nous demandons des sanctions intermédiaires, activées après un 1er avertissement, si le prescrit n’est pas respecté, une amende côté wallon et/ou une restriction côté français de la subvention en cas de non-respect de la convention.

Il ne s’agit pas de restreindre les moyens déjà modestes de ces établissements par rapport à la population accueillie, mais bien de contraindre les établissements pratiquant des dérives commerciales à appliquer les règles légales et contractuelles.

La plupart des établissements respectant le prescrit et les conventions, ces établissements n’ont aucun souci à se faire de ces dispositions. Au contraire : l’idéal est que l’argent recueilli/épargné soit distribué aux établissements vertueux pour améliorer leur fonctionnement, créer des solutions…

Un peu le système de la carotte et du bâton, direz-vous ?

Eh oui, quand on demande que les bonnes pratiques soient effectives pour les résidents, on peut demander que les responsables de leur hébergement suivent aussi les approches cognitivo-comportementalistes.

Quant au loyer indécent pratiqué dans l’établissement de Taintignies, comme chez d’autres, et qui accapare une grande partie de l’argent public français au détriment de l’encadrement et d’autres moyens à consacrer aux résidents, il suffit que le législateur wallon nettoie cette écurie d’Augias :

Comment, pour tant de sociétés, marchandes ou sans but lucratif, il se peut qu’un détenteur de société immobilière soit aussi un des dirigeants de l’association qui héberge les personnes en situation de handicap ? Il faut éliminer une fois pour toute ce conflit d’intérêts, qu’il soit le fait des individus même ou de leur famille/alliés proches. C’est pour l’instant toujours légal. Et immoral. Et enfin, faire appliquer un plafond de loyer !

Visionner le débat ici.

Un moratoire pas très moral : suite et pas fin

Communiqué d’autosatisfaction du Secrétariat d’Etat chargé des Personnes handicapées (France).

Extraits : “La Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre chargée des personnes handicapées a réuni ce 25 février un comité de suivi du plan de création de solutions innovantes pour prévenir les départs non souhaités en Belgique, associant les acteurs concernés, en particulier les départements et les associations.” […] “Il a été rappelé lors de cette réunion que tous les moyens et leviers doivent être mobilisés pour répondre à l’objectif de prévention des départs contraints : les communautés 360, l’identification de solutions juridiques pour lever d’éventuels freins, le développement de petites unités résidentielles pour personnes atteintes de troubles autistiques complexes, le financement de solutions par les ARS et les conseils départementaux…”

Commentaires : Si seulement il s’agissait bien des départs non souhaités ! Mais, hélas, même ceux que les familles demandent seront refusés. Et que propose-t-on à la place ? Du bricolage. Le communiqué ne précise pas que les solutions par les ARS et les conseils départementaux se font à budget constant, hormis les 30 malheureux millions par an pour 3 régions, 30 millions qui sont loin de valoir les 500 qui partent chaque année en Belgique… Une goutte d’eau dans la mer qui ne peut même pas rattraper la croissance démographique annuelle de cette population. Alors espérer ainsi combler un demi-siècle de retard en matière de politique du handicap, cela fait ressembler le tonneau des Danaïdes et le rocher de Sisyphe à d’agréables sinécures.