Schéma illustrant la descente du handicap en France

Handicap en France : la grande descente

Ou l’hypocrisie en marche. Ou la renaissance n’est pas pour demain. Ni même après-demain.

Ce que le gouvernement français propose pour contrer l’exode en Belgique des enfants en situation de handicap : 1000 solutions d’accompagnement… Pour les Hauts-de-France, le Grand-Est et l’Île-de-France. Quand on sait qu’il en manque 8000 rien que dans le département du Nord…

Pour parodier un célèbre chanteur, nous dirions « Attention les enfants, danger ! ».

Chers parents, au nom de la sacro-sainte inclusion à l’économie, vous devrez vous contenter que quelques heures d’accompagnement par semaine par-ci, par-là… on parle non seulement d’arrêter l’exode en Belgique, mais de rapatrier aussi des enfants.

Bon, il y a eu quand même quelques places : pour l’instant, 4 adultes autistes dans le Nord. On attend encore du personnel pour en héberger 2 de plus. Quelle générosité !

Cette mesure ne concerne que les établissements agréés par l’Agence pour une Vie de Qualité (AVIQ), qui dépendent de la Région Wallonne et sont conventionnés et financés par la France, et non pas l’enseignement spécialisé, ni les internats spécialisés publics qui dépendent, eux, du ministère de l’éducation et continueront donc à se remplir aux frais du contribuable belge et des parents français pour le reliquat d’hébergement… sauf si la France consent à le payer, ce que nous obtenons en principe après des procès.

Et la Macronie nous présente cela comme un grand cadeau. Honte à elle !

PS : encore faut-il que les organismes gestionnaires arrivent à recruter, et vu le niveau « d’attirance » des formations françaises de professionnels (sans parler de l’emploi), il est fort à parier que les appels à projets ne trouvent pas tous preneurs… Nous l’avons dit 1000 fois : arrêtez le tout-médical, place à l’éducatif et aux approches recommandées ! Plus fort : au lieu de faire respecter les cahiers des charges qui comprennent ces recommandations, le gouvernement demande aux familles… de faire respecter les recommandations. Mais de quels leviers disposent-elles ? Se taire, sinon… leurs enfants se retrouveront sans rien !

Encore 4 ans… ça va être long.

jeu de lettres exclusion devenant inclusion

Rapport du sénat français sur l’école inclusive

Ce rapport fait des propositions qui rejoignent certaines de celles que nous émettons depuis des années. Malheureusement, comme pour les précédents rapports, il y a fort à croire que le gouvernement n’en fera rien ou quelques propositions reprises et plus ou moins bien appliquées telles que  :

  • les UEMA –unités d’enseignement en maternelle autisme-) et leurs déclinaisons dans les niveaux supérieurs et/ou étendus à d’autres handicaps. Dispositifs qui fonctionnent à condition de respecter le cahier des charges, (élèves en situation de handicap sévère, afin de les faire progresser rapidement grâce aux approches recommandées en vue de rejoindre une scolarisation ordinaire), ce qu’aucun gouvernement n’impose et est donc laissé au bon vouloir des acteurs du terrain, avec une hétérogénéité flagrante quant à leur qualité ;
  • les DAR dispositifs d’auto-régulation, permettant une inclusion plus souple ;
  • sans oublier la proposition « plus d’enseignants que de classes », hélas réservées aux anciennes ZEP (zones d’éducation prioritaire) devenues REP (réseaux d’éducation prioritaire) et non pas à tous les élèves à besoins spécifiques, comme nous l’avions demandé.
Parmi les propositions de ce nouveau rapport :
  • la « massification » de l’accompagnement humain « nuit désormais à une politique qualitative et efficiente d’inclusion scolaire », selon le rapporteur M. Vial, qui évoque des « effets pervers ». L’AESH a « parfois tendance à ‘faire écran’ entre l’enfant et son professeur ou ses camarades », et l’élève peut le considérer parfois comme une « béquille », ce qui le maintient dans « une forme de dépendance » [NDLR : c’est bien qu’on s’en rende enfin compte, surtout pour les élèves qui ne sont pas atteints de troubles moteurs, eux pour qui l’autonomie n’est pas qu’une question d’’apprentissage] ;
  • l’institution scolaire ne peut pas « s’exonérer de sa responsabilité pédagogique », il lui « revient d’abord (…) de s’adapter ». Il faut « faire de l’accessibilité -comprise au sens global (physique, matérielle, pédagogique)- la priorité qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être » ;
  • il faut une « organisation administrative corrigée », une prise en charge des élèves en situation de handicap « plus qualitative et continue » et un accompagnement des familles « plus poussé » ;
  • développer l’accessibilité des matériels pédagogiques et des outils numériques et adapter les fournitures scolaires et la pédagogie « sans attendre les éventuelles mesures de compensation » prescrites par les MDPH ;
  • la mise en place d’une formation initiale obligatoire avant la prise de poste et d’un plan ambitieux de formation continue, « pour faire de la fonction d’AESH un véritable métier »
  • associer ces professionnels à des réunions régulières avec les parents ;
  • les enseignants doivent également bénéficier d’une formation initiale et continue améliorée en matière d’accueil des élèves handicapés ;
  • plus d’équité territoriale.

Le président de la commission, Laurent Lafon, appelle le gouvernement à s’en saisir pour « ouvrir, sans tarder, la nouvelle étape annoncée en faveur de l’école inclusive, dont la mise en œuvre fera l’objet d’un suivi très attentif de la part de la commission ».

L’avenir nous dira donc ce que le gouvernement fera de ces recommandations et, s’il en applique, comment il le fera.

Lire l’article de Handicap.fr.